Mémoire de la Société d’histoire régionale de Lévis
Consultation pour la mise en place d’un plan
particulier d’urbanisme (PPU) pour le Vieux-Lévis
La Société d’histoire régionale de Lévis veut contribuer à la protection du patrimoine bâti et au développement touristique de Lévis en se fondant sur son histoire.
Madame, Monsieur,
La Société d’histoire régionale de Lévis désire, par ce mémoire, contribuer au débat en marge de l’adoption d’un Plan particulier d’urbanisme pour le Vieux-Lévis.
La Société a limité ses réflexions à deux aspects qui cadrent dans les buts qu’elle s’est fixés : le patrimoine et la diffusion de l’histoire, et d’autre part, le développement touristique en se fondant sur la riche histoire de notre coin de pays.
En espérant que ces réflexions sauront alimenter une vision partagée pour le mieux-être de notre collectivité.
Vincent Couture, président
Qui sommes-nous ?
La Société d’histoire régionale de Lévis : un rétroviseur essentiel
Conduire, c’est d’abord regarder en avant. Mais parfois aussi, il faut regarder dans le rétroviseur pour voir là où nous sommes passés. Les sociétés d’histoire incarnent ce rétroviseur utile pour mieux aller de l’avant, car savoir d’où on vient est nécessaire pour savoir où on va.
Créée en 1976, la Société d’histoire régionale de Lévis (Société) est vouée depuis sa fondation à la connaissance et à la diffusion de l’histoire du territoire du Grand Lévis. Afin d’accomplir sa mission, elle s’est dotée de buts. On retrouve notamment celui de veiller à la conservation et à la mise en valeur des sites, monuments, documents et autres objets à caractère historique. De plus, un autre but vise à utiliser l’histoire comme outil de développement culturel et touristique.
Consciente de son rôle, la Société s’inscrit donc pour éclairer la discussion sur la protection du patrimoine du Vieux-Lévis. Non pas qu’elle n’ait rien à dire, mais la Société se garde bien d’intervenir sur d’autres sujets faisant l’objet de la consultation qui ne cadrent pas avec sa mission.
L’importance du patrimoine bâti à Lévis
Bien que se présentant dans le cadre de la consultation ayant trait au territoire du Vieux-Lévis, la Société tient à spécifier que ses réflexions pourraient tout aussi bien être partagées dans le cadre des consultations menées dans d’autres secteurs de la Ville parce que son rôle régional d’autrefois visait ce qu’est aujourd’hui la Ville de Lévis dans son entièreté. Aussi, certaines de ses réflexions dépassent largement le cadre limité du Vieux-Lévis.
Au début des années ’90, la Ville de Lévis (alors issue des regroupements des villes de Lauzon, Lévis et St-David) adopte des mesures de protection du patrimoine bâti tout en lançant de manière concomitante une campagne positive visant à favoriser l’amour du patrimoine par les citoyens visés par la réglementation. Un des écrits les plus édifiants sur les efforts alors réalisés est signé par le très réputé lévisien Michel Lessard. Publié dans la revue Continuité sous le titre de « Lévis sur Saint-Laurent », ce texte rappelle que la gloire de Lévis a culminé au XIXe siècle, période au cours de laquelle se sont ancrés une architecture et un paysage uniques.
Une consultation : exercice de sensibilisation en soi
La Société félicite tous les intervenants qui ont rendu possible cette consultation, en débutant par monsieur le maire Gilles Lehouillier et les autres membres du conseil municipal. Également, la Corporation de développe-ment du Vieux-Lévis assume bien, aux yeux de notre Société, son rôle de leader pour réunir les forces en vue de soutenir un développement harmonieux social et économique de ce territoire.
À elle seule cette consultation permet de rappeler le privilège qu’a notre Ville de compter sur une histoire riche et un patrimoine unique. L’exercice à lui seul, grâce au rôle joué par les médias, diffuse l’idée que nous devons travailler à protéger nos maisons, nos quartiers, nos milieux de vie où, avant nous, bien d’autres y ont laissé leur trace. Une société qui reconnaît et protège les rappels de son histoire est une société ancrée solidement dans son passé et son présent et qui est mieux placée pour définir son futur.
De plus, une Ville qui protège son patrimoine est un lieu plus agréable à vivre pour ses citoyens et un lieu auxquels ils peuvent s’identifier et qui génère chez eux un sentiment de fierté.
Finalement, une Ville agréable avec des quartiers anciens bien protégés constitue un lieu attirant pour le touriste. L’expérience touristique ne se limite plus à un monument ici ou là, mais bien à des quartiers vivants et agréables où il fait bon y flâner. Et qui dit tourisme dit du même souffle développement économique. Et si de grandes villes dans le monde ciblent le tourisme comme moteur économique, il ne fait aucun doute que la Ville de Lévis a ce qu’il faut pour tirer son épingle du jeu à cet égard.
Les réflexions de la Société en matière de protection du patrimoine
Essentiellement, la Société énonce ainsi ses propositions :
- La protection et la revalorisation du patrimoine bâti du Vieux-Lévis demeure plus que jamais nécessaire;
- La détérioration du patrimoine bâti menace davantage celui-ci que des constructions inappropriées;
- La réglementation actuelle aurait avantage à donner plus d’outils à la protection du patrimoine bâti;
- Les nouvelles constructions devraient privilégier une approche novatrice du type : Patrimoine du futur;
- La Ville doit elle-même, par ses actions, continuer à donner le signal de la nécessité de protéger notre patrimoine;
- La protection du patrimoine bâti : une affaire de tous.
La protection et la revalorisation du patrimoine bâti du Vieux-Lévis demeure plus que jamais nécessaire
Bien que la majorité de la population est consciente que le Vieux-Lévis constitue un milieu de vie unique dont le développement fragile mérite qu’on y investisse des efforts, le risque demeure que des personnes, même bien intentionnées, veuillent faire des changements à leur propriété et lui causent des dommages irréparables. Ce faisant, ces dommages sont causés au Vieux-Lévis et aux générations futures.
La protection des acquis patrimoniaux demeure donc une nécessité et les interventions aux changements doivent être contrôlées par des personnes autres que les seuls propriétaires de ces biens. Depuis une trentaine d’année, de façon générale, on ne peut pas dire que des transformations malheureuses se sont produites dans l’arrondissement du Vieux-Lévis. Ici et là des citoyens conscients de posséder des biens d’une autre époque les ont bien entretenus.
L’entretien est une chose, mais la revalorisation nécessite davantage d’efforts. Redonner à des bâtiments anciens un lustre digne des années glorieuses du Vieux-Lévis est exigeant. Là encore des citoyens ont mené des chantiers qui redonnent à leurs résidences un air ancien.
L’écart des coûts entre la rénovation d’une maison patrimoniale et une autre de facture récente est important.
Au premier titre, les propriétaires de ces maisons doivent supporter ces coûts car s’établir dans le Vieux-Lévis, c’est assumer le poids de l’histoire. Cela dit, on ne peut toutefois demander à des citoyens de supporter seuls cette responsabilité. La Ville est invitée à poursuivre son programme de subvention qui constitue un coup de pouce ou, dans certains cas, un clin d’œil à ceux qui investissent temps et effort pour faire du Vieux-Lévis un milieu de vie agréable. Qu’elle subventionne ou pas dans une faible proportion ces travaux, la Ville doit au moins poursuivre son travail d’aider professionnellement les citoyens soucieux de travail de revalorisation bien faits.
La Société recommande :
- Maintenir une réglementation restrictive visant à empêcher des interventions qui ne cadrent pas avec une protection et une revalorisation du patrimoine bâti;
- Maintenir un droit de regard de la part des autorités municipales afin d’accompagner les citoyens en vue d’une mise en valeur du patrimoine du Vieux-Lévis;
- À la Ville de poursuivre son programme de subvention pour aider les propriétaires de maisons anciennes à les revaloriser;
- À la Ville de maintenir son programme de soutien professionnel d’aide aux propriétaires de maisons anciennes.
La réglementation actuelle aurait avantage à donner plus d’outils à la protection du patrimoine bâti
La Ville bénéficie d’un levier : la Loi sur le patrimoine culturel. Cet outil permet à une municipalité de placer dans une forme de sarcophage juridique un site ou un immeuble. Même sans l’accord du propriétaire, cela est possible.
L’usage de cet outil (qui s’appelait alors la Loi sur les biens culturels) n’est pas nouveau dans le Vieux-Lévis. Il a permis, avec l’accord du promoteur moyennant des congés de taxes, de sauver du pic des démolisseurs le Monastère du Précieux-Sang et d’encadrer toute construction sur ce site de manière à protéger l’enveloppe extérieure du Monastère.
Bien utilisé, cet outil permet de moduler les conditions de protection d’un lieu unique sans que, pour autant, la Ville ne débourse des sommes.
L’usage de cette loi est au moins recommandé pour le secteur précis du Carré Déziel, incluant l’Église Notre-Dame. Nous sommes là où tout a commencé. Les façades qui donnent sur ce carré, et le parc doivent bénéficier d’un support plus grand pour préserver et mettre en valeur notre histoire. Dans le Vieux-Lévis, la Ville doit favoriser la protection du patrimoine bâti, mais au Carré Déziel, elle doit l’inciter plus fortement. Cette loi donne des outils plus importants que celui d’un plan particulier d’urbanisme. Quitte à aider autrement et plus fortement les propriétaires tout autour et prendre charge du parc.
Cela dit, en terminant en regard de cette loi, il ne faut pas perdre de vue la réglementation particulière du Monastère du Précieux-Sang. Elle doit demeurer puisque le promoteur en a profité en échange d’une protection à long terme de ce site.
La Société recommande :
- À la Ville de ne pas hésiter à utiliser la Loi sur le patrimoine culturel pour favoriser un développement ciblé du patrimoine bâti, notamment tout autour du Parc Déziel, incluant l’Église Notre-Dame de Lévis;
- Assurer des suivis sur les projets qui ont bénéficié des avantages liés à l’usage particulier de ces mesures de protection.
La détérioration du patrimoine bâti menace davantage celui-ci que des constructions inappropriées
Protéger le patrimoine bâti revient ni plus ni moins qu’à prendre des mesures d’abord pour faire cesser la détérioration de ce patrimoine par le temps, le climat et les interventions humaines.
Or, les plus récents dossiers publics ont trait au passage du temps qui a détruit petit à petit des immeubles qui, au terme de leur détérioration causée par un mauvais entretien ou une absence d’entretien, deviennent sujet à débats publics sur leur démolition potentielle.
La Ville doit se doter de mesures visant à s’assurer que des propriétaires de bâtiments patrimoniaux n’abdiquent pas leurs responsabilités minimales d’entretien.
La Société recommande :
- Que la Ville se dote de mesures visant à s’assurer que les propriétaires de biens patrimoniaux en assument leurs responsabilités d’entretien minimal.
Les nouvelles constructions devraient privilégier une approche novatrice du type : le Patrimoine du futur
L’âge d’or de Lévis, c’est le XIX siècle, mais ça peut être aussi maintenant !
Nos ancêtres ont fait beaucoup avec moins de ressources. À notre tour, nous avons une responsabilité, nous qui bénéficions de prospérité et de plein emploi. Nous avons une responsabilité de bien faire pour les lévisiens du futur.
Les constructions d’aujourd’hui seront le patrimoine du futur. Lorsque l’on construit de nouveaux bâtiments ou que l’on fait des ajouts à des constructions anciennes, il faut garder à l’esprit que ces constructions seront les témoins de notre passage.
Il y a lieu de sensibiliser tout propriétaire et toute autre personne appelée à soumettre de tels projets à embellir l’extérieur, à y ajouter une végétation qui survivra longtemps et à intégrer le projet dans son environnement.
La Société recommande :
- À la Ville d’adopter un langage de « Patrimoine du futur » afin de sensibiliser les intervenants appelés à construire ou rénover, au fait qu’ils construisent les bâtiments-phares de notre époque.
La protection du patrimoine bâti : une affaire de tous
Comme le rappelle Michel Lessard dans son tiré-à-part précité, des partenaires ont été associés à la promotion de la protection du patrimoine bâti.
Au premier titre, les propriétaires des bâtiments patrimoniaux doivent être les premiers promoteurs de la protection du patrimoine. Non seulement doivent-ils être soumis à une réglementation, ce qui est le cas actuellement, mais en plus des incitatifs non monétaires doivent impérativement être mis en place afin de les supporter dans leur volonté de préserver pour les générations futures un patrimoine unique. Par exemple, conférences et documentation sur les vieilles maisons, Prix de rénovation et de conservation pourraient être mis en place pour stimuler les engagements personnels.
Aussi, la Société exprime son vif intérêt pour participer à la promotion de la protection du patrimoine bâti.
La Société n’a d’ailleurs pas attendu d’y être invitée; elle s’y est elle-même invitée lorsqu’elle a organisé, le 18 octobre 2014, une conférence à l’Anglicane avec Monsieur Claude Martel portant sur la protection du patrimoine bâti. Elle conçoit son rôle de deux manières :
- être un agent de promotion de la protection du patrimoine bâti en organisant ou supportant des activités de sensibilisation;
- être un organisme conseil auprès des autorités municipales afin de rappeler le rôle joué par tel ou tel immeuble de l’aire protégée. Elle se propose d’être une ressource du comité d’urbanisme de la ville, du comité de démolition ou de l’historien de la Ville pour supporter la réflexion sur les projets de construction ou de démolition.
Comme le rappelle Michel Lessard, la Caisse Desjardins de Lévis avait, de concert avec la Ville, adopté un programme de financement hypothécaire particulier pour la rénovation des immeubles patrimoniaux. Cette idée, si elle était bonne en 1990, pourrait de nouveau être mise au goût du jour avec tout prêteur hypothécaire sensible au patrimoine lévisien.
L’expertise de la Société est sous-exploitée. Au lieu de s’ériger en défenseur du patrimoine à tout prix, elle offre ses services pour alimenter la réflexion des décideurs lorsque, malheureusement, un immeuble pourrait être démoli. En clair, elle voit ainsi son rôle : la Société peut être appelée, à donner un avis sur demande au conseil municipal, sur la valeur historique d’un bâtiment. Comme cela se fait d’ailleurs dans d’autres municipalités.
L’article 154 de la Loi sur le patrimoine culturel permet à une municipalité de créer un conseil local du patrimoine, organisme autre que le comité consultatif d’urbanisme. La SHRL croit qu’un groupe totalement dédié à réfléchir sur le patrimoine lévisien, dans une riche ville en patrimoine comme l’est Lévis, doit être mis sur pied afin d’influencer les autorités municipales, notamment par la tenue de réflexions positives qui incitent la population à être active dans la protection du patrimoine plutôt que d’adopter des mesures coercitives de protection du patrimoine.
La Société propose :
- La mise en place d’un programme incitatif de protection du patrimoine qui s’adresse aux propriétaires de maisons patrimoniales;
- Qu’elle soit associée à la Ville pour faire la promotion de la protection du patrimoine bâti;
- Qu’elle soit formellement associée à la Ville pour les projets de construction ou de démolition à titre d’organisme de référence pour alimenter certaines réflexions;
- Que des projets de financement soient mis en place avec les institutions susceptibles d’aider les propriétaires à revaloriser leurs bâtiments patrimoniaux;
- À la Ville de mettre en place un Conseil permanent du patrimoine.
La Ville doit elle-même, par ses actions, continuer à donner le signal de la nécessité de protéger notre patrimoine
Les exemples contemporains
Depuis au moins 25 ans, la Ville de Lévis transmet des signaux importants à sa population que la protection du patrimoine du Vieux-Lévis est cruciale. Ses propres actions sont alignées sur les messages adressés à la population : la Ville de Lévis donne elle-même l’exemple.
Au lieu de construire une nouvelle bibliothèque, elle choisit un immeuble patrimonial et y investit des millions de dollars pour redonner le lustre à la Chapelle du Collège de Lévis après que ce dernier lui eut cédé. La bibliothèque Pierre-Georges-Roy est un monument pour le livre et rappelle du même souffle comment un vieux bâtiment condamné à la démolition peut être réutilisé.
Au lieu de construire une salle de spectacles de plusieurs centaines de places comme cela avait été envisagé, la Ville de Lévis fait le choix de donner à l’Anglicane un nouveau souffle. Encore là, la transformation est particulièrement réussie. Mise aux normes d’aujourd’hui, cette salle de spectacles demeure un lieu unique de rencontre entre le public et les artistes de la scène et un autre fort signal de l’intérêt des édiles municipaux pour la protection de notre patrimoine.
L’appui de la Ville à la transformation du Monastère de la Visitation pour devenir un lieu voué à la Jeunesse est une autre façon d’éloigner les spéculateurs et de maintenir des phares de notre histoire.
Celui apporté à la Maison Louis-Fréchette a sauvé in extremis cette maison historique.
La Ville de Lévis doit continuer de donner l’exemple
Aujourd’hui, un nouveau signal serait utile pour rappeler à la population l’importance que joue le patrimoine bâti de notre milieu. Mais il faut faire attention de ne pas créer des lieux publics qui risquent de devenir des éléphants blancs que la population boude. Dans ce cas, faire usage des pouvoirs municipaux pour rénover un immeuble inutile, sans lui jouxter une vocation précise, serait contre-productif. Il ne faut pas associer la protection du patrimoine à des contraintes coûteuses et au surplus inutiles.
La Ville doit poser un regard prospectif sur les besoins collectifs (il n’est pas nécessaire que ce soit elle qui les utilise) et les bâtiments phares qui risquent de devenir des boulets.
Par exemple, où, dans le Vieux-Lévis, le futur centre d’archives de notre ville doit-il se retrouver?
D’autre part, que faire de la gare intermodale de Lévis qui perd les utilisateurs du service de traversiers?
Non seulement une réflexion prospective des besoins collectifs et des immeubles patrimoniaux susceptibles d’avoir des superficies excédentaires est-il nécessaire, mais il faut réfléchir sur des lieux qui sont ou pourraient être des symboles de Lévis.
Mis à part une nouvelle et belle statue, la Terrasse du Chevalier-de-Lévis n’est pas digne de Lévis, du Vieux-Lévis et de ses citoyens et visiteurs. Dans ce cas, une mise aux normes est plus que nécessaire.
Lévis n’a pas de musée lié à son histoire. Le Vieux-Lévis est tout à fait le lieu privilégié pour l’accueillir. Ce quartier se justifie notamment par les centaines de milliers de touristes qui prennent le traversier à chaque année et qui doivent obligatoirement descendre du traversier. L’aménagement du secteur de la traverse incitera encore plus ces touristes à mettre le pied à Lévis. Aucun autre secteur de notre Ville ne présente autant d’avantages et d’intérêt pour un touriste qui ne connaît pas Lévis. Un musée s’installe là où on retrouve déjà les touristes. Prenons l’exemple du Musée de la civilisation. Reste à trouver le lieu propice.
Le Collège de Lévis, l’École Marcelle-Mallet ou le Manège militaire, si tant est que des superficies de plancher étaient disponibles, ces lieux institutionnels seraient de bons exemples d’immeubles aptes à accueillir une telle institution.
La Société recommande :
- À la Ville de faire une réflexion prospective afin d’identifier les besoins futurs de notre milieu, notamment un centre d’archives et un musée, et les immeubles patrimoniaux phares en recherche éventuelle de mission afin de les associer le cas échéant;
- À la Ville de poursuivre ses investissements dans des immeubles patrimoniaux afin qu’elle continue de donner l’exemple.
Les réflexions de la Société en matière de développement touristique associé à l’histoire
Un autre volet de notre mission est de se servir de l’histoire comme levier au développement touristique.
Le secteur de la Traverse
Porte d’entrée récemment rénovée, la Traverse de Lévis devient un lieu de convergence élevé de développement touristique.
Alors que les abords de la traverse laissaient passa-blement à désirer pour un touriste arrivant par traversier de Québec, le goût d’en descendre devient maintenant plus important depuis que la Ville, supportée en cela par le palier de gouvernement provincial, a injecté d’importantes sommes pour refaire la principale entrée touristique de Lévis.
Avant, le touriste s’empressait de retourner à Québec et de ne pas descendre du traversier si cela lui était possible, tant le décor était désolant.
La réglementation des transports l’oblige depuis quelques temps à descendre du traversier, mais peu s’aventuraient dans le secteur de la traverse. Et pour cause.
Ces travaux étant faits, il ne faut pas que le touriste se limite au Quai Paquet si l’on veut que cet investissement se traduise en levier économique de développement.
Or, il s’adonne que le secteur de la Traverse, comme principale porte d’entrée touristique de Lévis, a long à raconter de l’histoire du développement de ce territoire. Dès le premier pied foulé par un touriste, celui-ci doit sentir que, bien d’autres avant lui, et ce, depuis des centaines d’années, ont foulé de sol. À n’en pas douter, il faut que le touriste soit séduit par ce territoire qui en a beaucoup à raconter. Le touriste ne doit pas se satisfaire de la belle vue qu’il a sur Québec.
L’histoire de Lévis et notamment de ce secteur doit être racontée à ces gens venus d’ailleurs. Plaques d’interprétation, statues à hauteur de personne, artefacts et quoi d’autre doivent émailler le paysage de la traverse pour susciter un intérêt pour notre coin de pays.
Le site du chantier AC Davie devient une carte que la Ville doit jouer pour servir de levier au développement touristique fondé sur l’histoire. La Ville a fait d’énormes efforts depuis les années 90 et doit continuer à développer ce site. Le plan de halage est une prochaine étape de développement nécessaire pour comprendre ce qui anime ce lieu. L’histoire doit y être racontée avec des plaques d’interprétation et des activités continues d’animation.
Si le touriste a visité tout le secteur de la traverse et s’y est intéressé, peut-être pourrait-il être tenté d’aller jeter un coup d’œil sur le dessus du cap? Alors là, le développement du Vieux-Lévis prendra un essor que l’on ne connaît pas jusqu’ici. Pour ce faire, il faut que la Ville songe à relier le bas de la Ville au haut du cap afin de favoriser le développement touristique. Ascenseur ou funiculaire devient un incontournable trait d’union entre le bas et le haut de la falaise. Les courbes démographiques laissent voir un vieillissement de la population. Si cela est vrai pour nous, cela est aussi vrai pour nos touristes qui voyagent à des âges plus avancés. Ils arrivent au pied de la falaise par milliers, il faut les aider à découvrir le Vieux-Lévis et contribuer au développement économique de notre Ville.
De plus, pour le touriste qui ne connaît pas Lévis et qui ne sait pas à quel point le Vieux-Lévis est un trésor bien caché, il faut qu’il découvre dès qu’il est au bas de la falaise ce qui l’attend s’il décide de se rendre tout au haut de cette même falaise. Ainsi donc, un plan trois-dimensions (type une maquette du Vieux-Lévis) serait aussi utile pour rassurer le touriste qu’il trouvera d’autre chose s’il se donne la peine de monter au haut de la falaise.
Alors, une fois la côte plus facilement gravie, la protection de notre patrimoine bâti du Vieux-Lévis les séduira. Les commerces du Vieux-Lévis les gâteront. La Maison historique Alphonse-Desjardins les instruira. La fresque Desjardins de Lévis leur présentera l’histoire. La bibliothèque Pierre-Georges-Roy les charmera.
En clair, nous avons une manne touristique qui accoste à Lévis depuis de très nombreuses années. Le nouveau secteur de la traverse les fera enfin descendre du traversier. Ce qu’il reste alors à faire est de leur donner immédiatement le goût de Lévis en leur servant notre histoire et aussi de les amener à prendre un moyen mécanique qui leur fera découvrir un visage caché de Lévis qui les séduira.
La Société recommande :
- D’investir dans le secteur de la traverse pour présenter aux touristes des éléments historiques qui leur donne le goût de Lévis, et pas seulement un parc qui leur donne une belle vue sur Québec;
- De prendre pour premier levier de développement touristique l’histoire que recèle le chantier AC Davie;
- D’investir dans un lien mécanique entre le bas et le haut de la falaise de Lévis afin de faire le trait d’union entre un nouveau secteur de la traverse attirant et un Vieux-Lévis déjà riche pour un touriste qui l’ignore.
Conclusion
Il n’est point utile à ce stade-ci de résumer l’ensemble de nos réflexions. Toutefois, permettez-nous de conserver votre attention pour quelques éléments disparates qui s’ajoutent à la vision que nous voulions vous partager.
Le patrimoine n’est pas seulement une affaire d’un ou de quelques quartiers
La densité de la population de la Ville a évolué de manière inégale. Certains quartiers comme le Vieux-Lévis comptent sur de nombreux beaux bâtiments anciens. Toutefois, – et nous sommes convaincus que la Ville de Lévis en est parfaitement consciente – il faut garder à l’esprit que bien d’autres bâtiments présentant une valeur patrimoniale indéniable, hors des anciens centres-villes, méritent une attention de leurs propriétaires et des autorités publiques.
Lévis est une ville de paysages
Le lévisien qui déambule à Lévis fait face souvent à des côtes. Mais dit côtes dit aussi points de vue vers le haut ou vers le bas. Et parfois le regard porte au loin. Ce sont des vues auxquelles nous sommes parfois habitués. Mais à bien y penser ce sont des éléments qui marquent l’unicité du Vieux- Lévis.
En octobre 2012, la Loi sur le patrimoine culturel a été adoptée. L’esprit de cette loi est plus englobant : elle va jusqu’à autoriser la protection des paysages culturels patrimoniaux. Nous n’allons pas jusqu’à vous recommander cela.
Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue que le Vieux-Lévis est unique pour ses paysages sans compter sa vue imprenable sur Québec.
Nous croyons qu’une réglementation devrait éviter tout empiètement sur les vues existantes, notamment quand cette vue est celle captée du haut de la falaise de Lévis. Les règlements existants qui interdisent des constructions en hauteur sur la rive du fleuve doivent être maintenus et revisités pour s’assurer de la protection de ce paysage culturel patrimonial.